« Enrichir la vie des gens par des moments mémorables » : telle est la façon dont Serge Hascoët et Yves Guillemot définissaient la mission d’Ubisoft auprès des gamers.
Pendant vingt-ans, Serge Hascoët a en effet dirigé « L’éditorial », le pôle créatif central, afin d’impulser la création de jeux permettant au joueur de s’évader, de se divertir tout en progressant.
Serge Hascoët revient sur les ambitions des jeux proposés par Ubisoft, tout en évoquant les différentes étapes du processus de création.
Serge Hascoët évoque l’évolution de la perception du jeu vidéo
Pour Serge Hascoët, le jeu vidéo doit être considéré comme une expérience permettant au joueur d’évoluer, en apprenant davantage sur lui et sur les autres.
En réalisant des jeux vidéo dits « à monde ouvert », Serge Hascoët offre aux gamers la possibilité de faire leurs propres choix, de saisir les opportunités qui s’offrent à eux en écrivant leur propre histoire.
Ce type de jeu est le fruit d’un virage éditorial, perceptible notamment dans le troisième volet du jeu Far Cry, qui pousse le joueur à se responsabiliser. Cette évolution a également été permise par les progrès technologiques qui ont permis la conception de nouveaux scénarios et d’univers inédits.
L’innovation permet ainsi d’apporter au joueur de la surprise et de l’inciter à être plus engagé dans sa façon de jouer. Pour Serge Hascoët, l’enjeu de la création d’un jeu est de permettre au joueur d’atteindre l’état de flow, autrement dit un niveau de satisfaction maximal.
Au-delà du plaisir procuré par le fait de joueur, Serge Hascoët souligne également que le jeu peut être considéré comme un outil d’apprentissage social : en échouant à franchir certaines étapes, le gamer est incité à recommencer plusieurs fois jusqu’à la réussite. Ainsi, il booste sa confiance en lui, sa fierté et développe son sens de l’effort et de la détermination.Dans cette perspective, le jeu vidéo implique un fort aspect social puisqu’il oblige à nouer des liens avec les autres, à jouer en groupe en développant l’échange et l’interaction avec les autres.
Dans la « vraie vie » également, le jeu contribue à nouer des relations puisqu’un grand nombre de gamers jouent ensemble, notamment avec leur famille.
En effet, le jeu vidéo est désormais inscrit dans les foyers comme une activité récurrente qui serait même aujourd’hui privilégiée face au sport ou aux jeux de société. Près de 3/4 des
familles françaises joueraient aux jeux vidéo deux fois par semaine en moyenne.Pour permettre d’offrir aux gamers la meilleure expérience de jeu possible, Serge Hascoët souligne les prérequis indispensables liés à la création.
Les prérequis indispensables à la création soulignés par Serge Hascoët
En premier lieu, Serge Hascoët rappelle que le terrain et le réel sont à l’origine de l’ensemble des idées proposées.
Il est en effet indispensable que les territoires recréés soient semblables à la vie réelle afin de proposer au joueur une expérience totalement immersive qui lui permettra de s’investir à 100% dans sa partie.
Serge Hascoët rappelle alors que la création d’un jeu vidéo mobilise généralement des équipes de 800 personnes, parfois réparties dans des endroits géographiques différents.
Les graphistes, ingénieurs et développeurs font preuve d’un véritable travail collectif et de beaucoup de talent afin de permettre la création de jeux innovants et précurseurs.
Serge Hascoët souligne également qu’Ubisoft propose depuis plusieurs années une diversification de ses contenus qui permet d’élargir la cible des joueurs.
Par exemple, en Chine une série télévisée sur Les Lapins Crétins a été proposée et plusieurs expériences de réalité augmentée proposent également des univers tirés d’Assassin’s Creed. L’ambition est alors de renouveler l’image du jeu vidéo en montrant qu’il n’est pas réservé qu’aux « geeks » mais constitue un domaine dans lequel convergent plusieurs univers et projets.